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zebree — La demoiselle en sa tour (poeme)

#demoiselle #girl #poem #tour #tower
Published: 2015-03-06 18:44:02 +0000 UTC; Views: 409; Favourites: 5; Downloads: 0
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Description Again a drawing to illustrate one of my poems.
Encore un dessin pour illustrer un de mes poèmes.

La demoiselle en sa tour


Les yeux dans la tour

ont noyé les pierres

dans un socle en étain

une mane statuaire

hissée contre le jour.

Un mausolée de chagrin.


Il se dresse au milieu d'un tissu de remparts

où les veines de mortier, sillonnant les façades,

ont draîné des cauchemars,

lovés derrière les palissades.


Au donjon, monte un grand escalier,

Les marches délabrées s'enroulent en enfilade,

une spirale jalonnée de désirs

scellés dans le calcaire.


Forteresse, irriguée de chimères,

où as-tu enterré ton coeur,

immolé par tes prières ?

Les Dieux n'ont que faire de tes oeillades.


Des folies minérales fossilisées dans les murs

scrutent avidement les souvenirs dégradés

les tapisseries rongées par les mites,

les couloirs infiltrés de murmures.


Damoiselle, où est ton berceau ?

Le panier de ta jeunesse en fuite,

Où tu as tressé des rêves en osier,

sous les voûtes enlacées de ton château.


Te voilà contenue dans ton cadeau

Une cellule nue, pourtant peuplée

de vaines ritournelles à l'agonie,

les restes de ton effroyable fantaisie.


Tu as opté pour la retraite,

Imploré pour ton logis de disette.

Nourrie de contes, de princesses en leur tour,

tu soutenais que seule la geôle t'offrirait l'amour.

Qu'aucun prince ne s'abîmerait à quérir

une jouvencelle engoncée dans un lit de saphirs.

Seule la belle, évaporée dans ses soupirs,

Le chevalier brûle de secourir.


Au donjon, flotte une odeur de marmelade.

Le seigneur fou dîne encore avec ses prisonniers.

Et dans un rot, ultime rebiffade,

il jette à bas la carcasse du sanglier.

Les convives observent

la sauce chouiner en débandade.

Le sol agressé s'énerve.

Le liquide s'insinue entre les lattes.

Alors la nuit, affamée,

ploie et croque la longue tablée.

Les fantômes regagnent leurs pénates.


Cependant, la voie au-devant du pont-levis

demeure irrémédiablement dégagée.

Hécate, sussure la jeune impie,

Que se révèle le messager !


Dans son attente élastique,

Sa psychée est plongée dans le noir.

La lune s'arqueboute devant sa fenêtre,

grignotte millimètre par millimètre,

sa patience invétérée.

Au milieu du tourbillon des rêves

l'éclat de l'astre agit comme un signal.

La détresse, sentinelle de l'espoir,

se lève, flegmatique, et prend son quart,

à la cîme des remparts.


Demoiselle, où t'a menée ton caprice ?

Cette lubie de s'emmurer.

Il est trop tard pour abandonner

ta navrante avarice.


Tu demeures en ta gêole, perclue de jalousies ajourées. Des arabesques épouvantées se répandent au long des corridors, égrenant des nuées acides qui percent les pierres. Les rayons brûlants s'engouffrent par les interstices, longues droites inflexibles, javelots solaires qui se fichent au coeur des murs. Les fureurs en camisoles tourbillonnent sur elles-mêmes, se nichent au creux des machicoulis, se coulent dans les meurtrières.


Le dallage enfoncé dans la terre, recueille le flot de tes lamentations. Sous tes pieds, la poussière sanglote, s'élève. Un halo terreux de lumière qui papillote. Et tu renifles, vitupérant des élucubrations amères.

Tes larmoiements fixés dans les jointures, s'agrippent à leurs carcans autoritaires. Les portes crissent de leurs revendications étouffées. Les fenêtres retiennent des frôlements oppressés. Tu as érigé les lois de ta lubie solitaire. Si tes pleurs y dérogent, ils sont absorbés dans l'architecture. La structure de ta rigueur, les pilliers de ton erreur.


Un étau de fer

mordu de velour

Une flamme de verre

La princesse en sa tour.

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